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Le refrain est maintenant connu : canicule annoncée sur
tout le pays = hauts plafonds sur les hauts massifs.
Avec Jocelin on regarde les prévis depuis deux-trois jours. La
situation météo n’est pas complètement habituelle pour une canicule. A la place
d’un gros anti-cyclone centré sur l’Europe, il y a tout un système de « mini
dépressions » et « mini anticyclones » qui se baladent entre l’Espagne,
la France, les Alpes et l’Italie générant parfois beaucoup de vent en altitude…
pas bon pour nous !
Mais le point météo du mardi est formel : ce sera
demain mercredi la bonne journée de la semaine. On hésite à aller du coté de
Chamonix mais depuis Marseille ça fait une trotte et on a l’impression d’après
les prévis qu’il y aura peut-être plus de vent là-bas Par contre, sur le
Queyras, ça a l’air au poil (ce sera en fait très bon aussi du côté de
Chamonix). Le code couleur de météo-parapente pour la hauteur des plafonds s’arrête
à 4250 m mais en « extrapolant » un peu les courbes de plafonds, on
imagine bien que cela va monter un peu plus haut. Ce sera donc Ceillac. On
potasse un peu les cheminements classiques et on se met en route.
On arrive le mardi soir à Ceillac pour dormir au gîte les
Baladins. Depuis la salle à manger on voit bien le déco. Le faible dénivelé du
site me fait douter un moment sur la pertinence du choix de notre rampe de
lancement. Difficile d’imaginer qu’on pourra se faire satelliser le lendemain
d’un déco accessible en seulement 30 minutes de marche… Un coup de fil à
Guillaume qui vole régulièrement dans le secteur va nous rassurer et nous
permettre de passer une nuit sereine et au frais.
Le lendemain on retrouve Pascal et d’autres pilotes de la
région. Notamment Patrick qui nous briefe un peu sur l’extraction :
« une fois que les pilotes initiation tiennent un peu, il faut encore
attendre entre une et deux heures avant que l’inversion pète. ». Et il
ajoute : « 2200m pour aller sur Rasis, c’est bien, 2400, c’est mieux »
A midi les premiers élèves tiennent facilement, Jocelin est
chaud bouillant et veut décoller rapidement, alors on ne traine pas trop et on
se met en l’air en patientant à 2000. Ça tient tout seul et on peut rester
comme ça un bon moment. Pascal va explorer les faces Sud sous le col de
Bramousse et réussi à monter graduellement mais il nous annonce en radio que
c’est un peu turbulent dans ce coin. D’autres ailes tentent la même chose mais
sans trop monter et finissent par revenir dans notre grappe. Alors on continu
de patienter avec les conseils de Patrick en tête. Et au bout d’une petite
heure, comme annoncé par Patrick, la couche d’inversion finit par céder et une
petite bulle nous hisse à 2300, il ne nous en faut pas plus pour nous jeter sur
Rasis.
Avec ces hauts plafonds annoncés j’étais un peu inquiet de
la force et de la violence des thermiques. Même si c’est parfois rigolo de se
prendre des gros coups de pied au cul, ce n’est pas mon exercice préféré au-dessus
du rocher... Surtout que les pierriers sous Rasis ont tout de belles cocottes
minutes qui ne demandent qu’à envoyer de gros pétards. Je m’étais dit que si c’était
trop fort, je n’hésiterais pas à écourter le vol si besoin. Mais bonne surprise,
en arrivant sur les pierriers, on est accueilli par des bulles et des
thermiques d’une douceur étonnante.
J’imagine que c’est dû d’une part à la faiblesse de la brise,
conséquence de la stabilité dans les basses couches et d’autre part à l’absence
de vent météo. Dans tous les cas, on ne va pas se plaindre, c’est très agréable
de ne pas se faire démonter !
On remonte tranquillement jusqu’à la Pointe de Rasis (2800).
Pendant ce temps-là Pascal nous annonce 4200m en radio. On commence à y croire…
Peu à peu la vue au-dessus de la crête se dégage, le Viso, le Mont Blanc, les
Écrins… En sautant d’un thermique à l’autre on passe la barre des 4000. Et on
continue de monter calés maintenant dans le même thermique, à portée de voix,
4500… 5000… 5200… et toujours aussi doux ! Forcément on est comme des
fous, forcément on hurle et on chante comme des gamins !
On sent quand même l’effet de l’altitude (très léger mal de
tête) mais en me concentrant sur ma respiration, en m’alimentant et en
m’hydratant, la sensation passe rapidement.
Puis l’ascenseur s’arrête. Jocelin a envie d’aller vers le
Nord, moi je trouve qu’il y a un peu trop d’ombre par là-bas, d’autant que
Pascal nous annonce qu’il est posé du coté de St Véran…
Alors chacun part de son côté. Il y a de joli cum dans le
fond de la vallée de Ceillac. Côté italien les plafonds sont 3000m plus bas. J’ai
bien envie d’aller faire un petit tour du coté du Viso. L’idée est de faire un
gros plein, d’aller le voir, et de revenir côté français.
Je retrouve un beau thermique en fond de vallée toujours
aussi doux et régulier. La montée est encore une fois déconcertante de facilité
et d’homogénéité, 4500, 5000, 5500... Le paysage est sublime sur la crête à
cheval entre Queyras et Ubaye. Ça donne des idées pour de belles randos au fin
fond de L’ubaye où le torrent prend sa source au milieu de lacs encore
partiellement gelés (col de Longet).
Arrivé au plafond, le thermique est toujours aussi doux,
alors je me permets quelques tours dans les barbulles pour une petite montée
au-dessus de 6000m. Je suis rapidement recouvert d’une petite couche de givre
alors je prends le cap à l’Est pour passer du côté Italien. Mise à part une
abatée un poil violente en sortie de thermique, la descente reste aussi douce
que la montée et je peux me balader un peu et profiter de paysage dans les
montagnes italiennes.
Je mets le cap sur un haut sommet pointu et enneigé que je crois
être le Viso, mais du fait de la hauteur qui écrase les perspectives, ajouté au
fait que c’est la première fois que je vole de ce côté de la frontière, et sans
doute aussi à cause du manque de lucidité dû à l’altitude (hypoxie), je mets du
temps à réaliser que ce n’est pas du tout le Viso ! Je suis parti bien
trop au Sud !
Changement de cap ! Ce coup-ci je reconnais bien le
Viso mais il ne me reste plus tant de gaz et il n’y pas de plafond côté italien.
De plus je suis contré par un petit peu de nord. Impossible de repasser du côté
français. Ce sera donc un long glide pour m’approcher au plus près du Viso. Je
poserai finalement sur la route du col Agnel côté italien. Atterro un peu foireux
à moitié vent de cul sur le bas-côté de la route avec des pierres pas loin.
Toujours garder de la concentration jusqu’à la fin du vol!
Conclusion/auto-critique
Le vol à ces altitudes n’est pas à prendre à la légère, pour
voler en sécurité, il aurait fallu que je sois équipé d’oxygène. L’hypoxie peut
altérer sévèrement le jugement sans que l’on ne s’en rende compte.
Volontairement je ne suis pas resté plus de 10 minutes au-dessus
de 6000. Avant la dernière partie de la montée, je me suis donné une seule
consigne simple à respecter : cap à l’est coté italien où la masse d’air
était stable.
Tristan
Tristan
Champion, bravo !
RépondreSupprimerJoli récit et un record à la clé. Je n'aurai pas osé monter si haut. La vue devait etre magnifique.
6ril
Expérience exceptionnelle et superbe récit.
RépondreSupprimerIl est vraiment dommage qu'il ne soit pas signé !
Qui en est l'auteur ?
Mercredi dernier, c'est le jour où 150 pilotes se sont posés au sommet du Mont-Blanc !
Il y a eu malheureusement deux accidents mortels ce jour-là (un en speed-riding dans la face nord de l'Aiguille du Midi et l'autre au sommet du Mont-Blanc avec la glissade tragique d'un pilote dans la face sud, versant italien).
Marc
Salut Marc, oui j'ai pensé que la plateforme de blog mettrait mon prénom par défaut...
RépondreSupprimerJe l'ajoute...
Tristan :-)
Salut,
RépondreSupprimerJe pensais que c'était toi, mais comme je n'en étais pas certain...
Marc ;-)
Recit sympa...du coup on y etait un petit peu nous aussi grace aux photos . Merci mister T.
RépondreSupprimerImpressionnant impressionné j'aime le côté orange givrée merci pour le partage
RépondreSupprimerMerveilleux! C'est le record de prise de gain en France, non?
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