lundi 19 mai 2014

Pic des mouches et vent de secteur SE

Cet article fait suite à celui du 7 Avril : Accidents 2014.

Je persiste à dire que décoller du Pic par vent de secteur SE supérieur à 15 km/h est totalement irresponsable, et extrêmement dangereux.

Décoller par vent fort de face est déjà potentiellement dangereux (surtout au Pic des Mouches où la nature même du terrain parsemé de rochers est particulièrement accidentogène si on se fait arracher puis traîner...). 

Cela nécessite une bonne maîtrise technique que certains pilotes ne possèdent pas forcément, ou alors à des degrés divers.

Décoller par vent de travers à 45°, n'est pas non plus évident, et cela encore moins si le vent est fort ...

Mais ce qui est sûr, c'est que décoller au Pic par vent de SE, donc travers gauche,  "sous le vent" de la crête qui mène à la balise , avec des vitesses supérieures à 20 km/h et en conditions thermiques relève de l'inconscience la plus totale.

Se dire qu'on va décoller "dans une molle", dans un faux vent de face, derrière la crête, est encore plus dangereux, car ce calme apparent n'est pas quantifiable.
Il n'y a pas de signes indicateurs (buissons qui bougent) pour nous informer sur l'arrivée d'une éventuelle rafale, et en sortie de déco, près du relief et dans le rouleau de la crête on peut faire un sketch irréversible.

Voila, plusieurs expériences passées ont confirmé ce phénomène, apparemment sans effet puisque certains pilotes persistent à décoller dans ces conditions.

Avec les indications de la balise sur la direction et la force du vent, on ne peut plus dire qu'on ne savait pas.

Il existe un petit déco orienté SE plus à l'est en direction du décollage Delta.
Nous y étions hier et nous avons enregistré une base moyenne à 30 km/h et des pointes à + de 40 km/h.
Il y a eu aussi des molles de face exploitables, un pilote en a profité pour décoller sans se mettre en danger.

Cette analyse n'engage que moi, certains pourront penser que je ne suis pas le mieux placé pour faire ce genre de remarque, mais au moins je l'aurais dit.
Je continuerai à mettre mes actes en cohérence avec mes paroles en descendant systématiquement au déco SE quand les conditions l'imposent (et en redescendant le cas échéant à pieds comme la majorité l'a fait).

@+ et bons vols en sécurité.
Loic

12 commentaires:

  1. je souscris a ce qui est ecrit mais tiens a y apporter un complément...
    Le vent meteo etant accéléré sur le massif il peut etre tantant de se dire qu une fois en l'air et en se dégageant vite le vol devient acceptable.
    C'est a l appreciation de chacun , mais meme en partant d'un autre déco que le pic réputé malsaint, et dans des "molles" a 20-25 km/h, il n'en reste pas moins que tout va autrement plus vite que dans les conditions usuelles auquelles on est habitué.
    Je peux témoigner d'avoir oublié le montage de mon accélérateur sur ma selette et que l'éloignement du relief que j'ai effectué pour le remette en vol était tres insuffisant car mon attention étant accaparée a me battre avec mes gros doigts pour accrocher ses minuscules crocs fendus , je me suis vite retrouvé sous le vent d'un relief. Bref la dérive est inahbituellement rapide et pas intégrée ds le pilotage auto, a moins de savoir gérer plusieurs choses en meme temps ou avoir eu la sagesse d'augmenter les marges d'eloignement de facon importante.
    Bien sur que si l'accelerro avait été attaché tout se serais certainement bien passé et que je pourrais dire ....c est jouable!(clin d'oeuil a nico M).
    Mais je suis un pilote lambda ni plus ni moins con qu'un autre et j'ai grillé un Joker en une enorme frontale pres du relief. Je m'escuse aupres des présents de leur avoir imposé ce spectacle .... que cela serve de leçon a plus d'un ....
    Mig

    RépondreSupprimer
  2. @ Mig et aux autres,

    Je n'ai parlé ici que de la phase de décollage, à un peu moins de 1000 m d'altitude ....

    Rien à voir avec les conditions de vols qui semblaient acceptables, toniques car de saison, mais pas non plus infernales (la vitesse d'avancée des nuages n'était pas monstrueuse).
    Ceci nous prouve qu'on peut voler par SE sur Sainte Victoire, qu'on peut y faire des vols de distance, mais que le décollage du pic des Mouches n'est pas du tout adapté à ces conditions ...
    Une fois en l'air et loin du relief, c'est une autre histoire, mais la phase du décollage reste cruciale.

    Pour toi Mig, vu de l'extérieur, et concernant ton décollage d'hier, tout s'est bien passé, tu as attendu la courte molle de face, tu t'es retourné un peu vite alors que la voile était devant toi à 45° (c'est là qu'elle développe le plus de puissance) une petite perte d'équilibre mais une bonne reprise d'appui (comme pour ton déco de Genty la veille).
    C'est sûr que dans ce genre de conditions (déco inconnu, courtes "molles") on est fébrile et plutôt stressé ...
    Pour la suite, c'est évident que focaliser son attention sur le branchement de l'accélérateur au détriment du cap et de la tenue de la voile, c'est pas ce qu'il y avait de mieux à faire vu les conditions ventées et thermiques du jour, mais ça te semblait une priorité qui en était une, certes, mais à régler loin devant le relief ....
    Comme tu l'as dit : que ça serve de leçon à plus d'un ...

    Loïc

    RépondreSupprimer
  3. Imaginons que Genty devienne plus accueillant. Ne serait ce pas une façon de reculer encore le limites du vol par vent fort à la sainte victoire ?

    Lorsque le vent est fort comme ça, il y a bien des sites plus fréquentables, c'est l’occasion de bouger, de voir ailleurs ce qui se fait. Je sais, Marseille est loin des montagnes..

    jml

    RépondreSupprimer
  4. Je ne suis pas certain en effet que l'alternative soit Genty, parce que pour le coup, il va y avoir une longue période d'extraction dans une masse d'air probablement limite, le tout assez près du caillou.
    Sans aller à des centaines de kilomètre de faire monter la note de notre bilan carbone, il suffit d'aller à Cuges ou à Signes. Les décos sont moins haut, le vent y est souvent moins fort.

    Après pour la prise de décision de décoller, c'est à chacun de fixer ses propres limites et son propre engagement. Personnellement je réfléchi en terme de "bénéfice-risque" et autant je décollerai dans 40km/h de vent à Quixada, autant je redescendrai jouer avec mon fils dans 48km/h d'ESE au Pic...

    RépondreSupprimer
  5. A mon avis, la question ne porte pas sur " la façon de reculer encore les limites du vol par vent fort ", car il peut y avoir du vent fort au déco et des conditions très fréquentables plus haut, comme ça a été le cas ce dimanche.
    La question serait plutôt : comment faire en sorte de pouvoir décoller en sécurité dans ces conditions et pouvoir exploiter une masse d'air plus clémente en haut ?
    Comme nous l'a fait remarquer Frigo, Genty est certes plus bas donc normalement moins venté (quoique ce dimanche ça dépotait un max du sol jusqu'aux crêtes) mais placé trop près du Baou de Vespres, donc dans une zone de compression dont on peut avoir du mal à sortir.
    De plus l'atterro officiel est assez loin, difficile à rejoindre si on est contré, nous obligeant à prendre appui au relief ce qui n'est pas top au niveau sécurité, vu que les arêtes et les combes sont perpendiculaires au vent donc génératrices de turbulences ...
    Maintenant il faut voir que la pratique évolue, les réseaux sociaux se chargent d'en faire très vite la publicité : entre hier et aujourd'hui par vent de SE fort, des vols de distance ont été réalisés vers l'Ouest sur des itinéraires peu empruntés (Guillaume HAZARIAN en a réalisé un magnifique au départ de Signes) donc je ne vois pas pourquoi cela cesserait dans l'avenir ...
    Il en va de même pour les vols réalisés par vent d'ouest et rues de cums vers l'Est au départ du Pic en décollant dans la combe ouest (Fréjus pour Pupu et le Bams, Vidauban pour ma pomme, et j'en oublie sûrement ...).
    Je pense qu'il serait souhaitable qu'on aménage ce petit déco SE du Pic pour le rendre plus confortable afin que les pilotes n'aillent plus au Pic par SE fort.
    Maintenant, en ce qui me concerne, prendre la bagnole et faire 400 bornes aller retour en une journée pour voler c'est pas mon kiff, ça doit être mon esprit casanier ....
    C'est pas que je n'aime pas bouger ni voir ailleurs ce qui se fait, mais faut que le ratio temps de déplacement / durée de vol soit positif ....

    RépondreSupprimer
  6. Bah tu fais comme Luc, tu passes deux heures dans ta voiture pour aller à Gourdon, mais 10h en l'air ensuite pour "rentabiliser" ;-)

    RépondreSupprimer
  7. Bon par ou commencer difficile les sujets sur la sécurité …. Eviter d’être moralisateur, se regarder en face , accepter ces erreurs, les comprendre, les valoriser pour en faire le rex, apprendre progresser, se protéger, prendre du plaisir, être autonome en fait grandir murir devenir sage : un long parcours.
    Entrons dans le vif du sujet, l’accident, incident, ne vient jamais d’un seul facteur isolé. C’est bien une combinaison de plusieurs éléments. A l‘image du triangle du Feu pour que survienne l’événement il faut que toutes les conditions soient réunies. (Carburant – Comburant – Chaleur) en supprimant un seul des coté du Triangle plus d’évènement. Attention le risque est toujours présent il suffit simplement qu’un des cote du triangle réapparaisse pour que les conditions soient réunie et que le risque se concrétise.
    On peut appliquer cette image à notre activité. On parlera alors non plus de triangle mais plutôt d’octogone voire plus tellement les facteurs sont nombreux : ailes et matériel adapté, technique maitrisée, météo adéquate, site de vol adapté, condition physique mentales du pilote, effet de groupe, auto critique, pression sociétale etc…. (J’en oubli surement un bon paquet). Personnellement je m’efforce de réduire voire d’éliminer le plus de coté possible sur la représentation géométrique que je me suis construite de l’activité.
    Appliquée a Dimanche j’ai essayé de réduire un coté de mon octogone d’abord la veille : la MTO de Samedi soir annonçait un petit peu de vent tendance SE entre 10et 20kmh suivant les sites, cumulée à une instabilité carabinée => cocktail détonnant bien connu. La première des décisions : monter tôt décoller tôt idéalement avant le cumul convection établie + vent MTO. Ensuite le jour « J » pour réduire (ou pas suivant la réponse) le cote relatif à la pression sociétale, au chalenge aux conditions mentale je me pose cette question : « sur un site inconnu et tout seul avec ces conditions est-ce que je vole ? ». Inutile de vous donner la réponse …. Tout de même un peu chagriné par la MTO de la veille (SE) j’avais bien pris soin d’écouter la balise toute les ½ heures de 9H00 à 10H30 (ça tombait bien je suis monté avec un gars qui avait sa radio allumée sur la FD) résultat du SSE entre 10 et 20kmh (j’ai l’historique) on ne parlait pas encore de claque à 35kmh.
    Fort de mon analyse, je me prépare et me met en l’air à 11H45 tout en douceur sans me faire arracher, je m’éloigne du relief lâche une commande et glisse les pieds dans le cocon. Tiens c’est bizarre ça dérive en Est bien plus que ma maigre analyse ne le laissait penser. Je rejoue alors mentalement ma préparation …. Je me vois bien en train de manger mon sandwich Bagnat à l’huile d’olive assis devant le déco en regardant régulièrement la balise … du SE c’est bien ça qu’elle disait la balise et ouais Nico du SE l’information était là devant tes yeux il suffisait de la traiter. Mon gars 100 fois sur le métier tu remettras ton ouvrage mais sans oublier les bases.
    Etait-il déraisonnable de décoller : OUI (avec du recul) car il subsistait un risque qui aurait pu facilement être éliminé (à cette heure là hein !!! pas plus tard) par un changement de déco… On est d’accord pour dire 15kmh sous le vent d’une crête c’est un gros coté de l’octogone qu’il faut éliminer.

    RépondreSupprimer
  8. Je ne vais pas me faire que des amis mais tant pis je lance la réflexion… projetons nous une heure plus tard le vent MTO conformément aux prévis c’est renforcé de 5kmh soit 20kmh la convection est établie les thermiques montent en face SE sur le petit déco pour une valeur moyenne de 3ms soit arrondi environ 10kmh au résultat un bon 30kmh bien de face au déco SE :
    Que se passe-t-il sous le vent d’un thermique avec 20kmh de MTO ? VS Que se passe-t-il sous le vent d’une crête avec 20kmh de MTO ?



    Que faire la prochaine fois : je n’en sais rien aucune situation n’est la même, en tout cas j’essaierai d’éliminer le plus possible de coté sur ma figure géométrique
    Aurais-je donné l’usage de mes jambes ou bien pire pour faire ce vol bien évidement non….
    Voila c’est tout sinon que la suite c’était un chouette vol …. Et en plus j’ai pas vomi.

    Nicoc

    RépondreSupprimer
  9. de Jean (Exocet)
    Le "non renoncement" est bien souvent lié aux moyens investis dans la sortie. Il peut s'agir d'un trajet voiture, d'une journée que notre famille s'est résignée à passer seule ou d'une "pénible" marche d'approche. Ces moyens engagés n'ont de sens que s'il y a vol. D'où la difficulté du renoncement, rendue encore plus critique à la vue d'un décollage réussi !
    La sagesse serait de ne pas se présenter sur le déco pour ne pas être soumis à la tentation !
    L'irrationnel est le propre de l'homme.

    RépondreSupprimer
  10. Effectivement la solution ultime est d'éliminer la totalité des face son polygone....

    RépondreSupprimer
  11. Bonsoir,

    Il y a une quinzaine d'années nous nous sommes retrouvés 4 au décollage du Pic des Mouches.
    Le vent, bien établi, était de direction sud-est et on a attendu au cas où il basculerait éventuellement plus sud et qu'il faiblisse.
    Se trouvait là un pilote du club très expérimenté connaissant bien le site.
    Il a décollé et a montré par l'exemple l'aérologie qu'il y avait devant le déco : grosse fermeture asymétrique que le pilote a su contrer, mouvements de tangage très violents, mais bien maîtrisés et le pilote a géré cela avec efficacité malgré les conditions pourries.

    Un autre pilote présent (que je n'avais jamais vu) venait pour la première fois à Sainte-Victoire et n'avait qu'une quarantaine de vols au compteur.
    J'ai cherché pendant longtemps à le convaincre qu'il était tout à fait déraisonnable de vouloir décoller dans ces conditions (quand on avait vu ce qui s'était passé avec l'autre pilote qui avait décollé, j'avais bien sût pris la décision personnelle de descendre à pied).
    Le pilote peu expérimenté et n'ayant jamais volé là a insisté en me disant qu'il détestait marcher et qu'il décollerait quoi qu'il arrive !
    Je suis descendu à pied en le laissant là-haut (que faire ?).
    Le lendemain j'ai appris qu'il avait bien essayé de décoller, s'était pris une fermeture asymétrique violente avec retour brutal au sol avec des conséquences dramatiques.

    Heureusement que j'avais essayé de le convaincre de ne pas voler dans ces conditions, sinon j'aurais culpabilisé...
    Comment gérer de tels comportements irresponsables sur un décollage ?

    Amicalement à tous, faites gaffe et bons vols !

    Marc Lassalle

    RépondreSupprimer
  12. En même temps, passer un peu de temps harnaché en réanimation sans pouvoir bouger ni pied ni patte, ça permet de ne pas hésiter un instant à renoncer. Et en plus ça permet de le faire sans l'ombre d'un regret.
    On a toute la vie pour voler, alors pourquoi la raccourcir pour un vol de trop dans des conditions douteuses ? Demain je vais aux funérailles d'un copain pilote marseillais, il n'est malheureusement plus là pour nous parler de renoncement, de polygone...

    RépondreSupprimer

Informations Club