mercredi 22 juillet 2020


Vol bivouac Sainte Victoire-Pointe Percée (avec un peu de stop quand nécessaire)




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Mardi Jour 1 : Sainte-Victoire – Lubéron 40km

Après les aventures en haute altitude de l’an dernier, on s’est débrouillé avec Jocelin pour rester un peu libre au mois de juillet pour partir en vol bivouac depuis la Sainte en attendant un bon créneau d’au moins 3-4 jours de beau temps annoncé sur les Alpes.
Finalement le créneau va arriver plus tôt que prévu. A partir du lundi 22 juin la météo annonce un très bel anticyclone pour 4-5 jours avec un léger flux de S/SO dans la région, couplé à une bonne instabilité, sans doute la conséquence du vent de nord qui a soufflé les jours précédents à toutes les altitudes.
On arrive à s’organiser pour pouvoir se libérer à partir de mardi tandis que certains pilotes partent le lundi avec plus ou moins le même projet. Jean-Luc posera à Castellane ce jour-là.
Le mardi il y a encore du beau monde au pic des Mouches, ça fait plaisir de retrouver tous les copains.
L’objectif est d’aller le plus loin possible vers le Nord avec un secret espoir d’atteindre la Suisse et avec une contrainte : être de retour à Marseille le dimanche avant 20h pour aller voter. On se met d’accord avec Jocelin pour essayer de voler ensemble le plus possible. Dès le décollage je pars à droite, Jocelin à gauche, ce n’est pas gagné pour le vol de groupe 😊
On met un petit peu de temps à s’extraire mais on arrive finalement à monter à 2200m au-dessus de la Sainte. Le ciel est très clair et de cette altitude on distingue Marseille, le stade Vélodrome, la Méditerranée et les iles du Frioul…
La première journée sera un peu décevante pour nous même si certains tirent très bien leur épingle du jeu puisque Pascal pose à Gap. Pour nous ce sera de part et d’autre du Lubéron (bien Joué Seb pour le point bas à Grambois ! 😉). On ne se laisse abattre et on fait du stop jusqu’à la vallée de la Méouge pour un bivouac 5 étoiles au bord de la rivière.


Mercredi, jour 2 : Laragne – Grenoble 93km

Le lendemain, montée à Laragne en stop. Jocelin est très impatient de se mettre l’air (ce sera une constante du voyage, nous y reviendront…) et nous décollons vers 12h30 hors cycle. Je me bats au-dessus de l’atterro de secours tandis que Jocelin jette l’éponge et va s’y poser pour retenter sa chance le temps de trouver une voiture pour remonter. De mon côté j’arrive finalement à m’extraire et commence le cheminement « classique » plein nord avec un premier plafond à 2000.Je fais 2400 sur Orpierre et chemine au nuage jusqu’au rocher de Beaumont puis Sigottier, j’arrive un peu bas sur le sommet d’Aiguille/Pierre grosse qui marque la frontière avec la Drôme où je me fais catapulter à 2800! A ce moment-là, le cheminement classique est de viser Aspres, mais derrière, le Devoluy est déjà très chargé avec des congestus et la météo annonce des orages tôt dans l’après-midi. J’ai alors le choix entre continuer plein Nord vers le Jocou ou bifurquer vers le Diois et le Sud Vercors. Je n’ai jamais survolé le Diois et ça me tente bien de découvrir ces coins-là, alors je mets le cap sur Glandasse.
Je fais un point bas au-dessus de Lesches-en-Diois. Je ne trouve rien au-dessus de la crête et suis obligé de me laisser glisser peu à peu en vallée pour me rapprocher de la civilisation en cas de pose, car le coin est vraiment très désert. C’est là qu’un énorme thermique un poil violent me tire par les bretelles pour me propulser rapidement à 3000m où je rejoins 2 planeurs qui croisent dans le secteur. D’ici on distingue bien toute la vallée de la Drôme avec le sommet caractéristique des 3 becs vers l’Ouest et le Vercors (Glandasse, cirque d’Archiane…) qui commence lui aussi à être recouvert de congestus bien joufflus. J’en profite pour passer un coup de fil à Jocelin qui ne répond plus en radio. Il a redécollé de Laragne mais a posé du côté de Serres. On se donne comme objectif de se retrouver à Grenoble. Je reprends alors un cap plein Nord en direction du Mont Aiguille. Le survol partiel des hauts plateaux et du Mont Aiguille est magnifique. Je me dis que si Jocelin avait été là, on aurait presque pu envisager de poser et de bivouaquer sur le Mont Aiguille pour en redécoller le lendemain, mais c’est oublier un peu vite que la zone est interdite de survol à moins de 300m/sol…
Je refais un plein à 3000 au-dessus de Chichilianne et décide de m’éloigner vers l’Est car les nuages sont de plus en plus menaçants du côté du grand Veymont. Légèrement à l’Est, le plafond est bien plus bas et j’arrive au-dessus des nuages. Comme dans un rêve, je surfe le dessus du nuage pendant une minute puis plonge dans une petite trouée où j’aperçois de la verdure et un petit village, complétement hypnotique ! Je m’appuie à présent sur les avant-reliefs Est du Vercors (Serpaton) et avance tranquillement vers Grenoble que je distingue maintenant nettement. Je me laisse glisser doucement vers Vif en étant contré par la brise qui arrive de Grenoble est qui est de plus en plus sensible au fur à mesure de la descente. J’arrive à grapiller quelques kilomètres en m’abritant derrière un petit relief qui me protège de la brise et me permets de dépasser Vif et de poser pas loin d’un rond-point avec un gros sourire aux lèvres… Ravitaillement et retrouvailles avec Jocelin à Grenoble puis direction le col du coq, au pied de la dent de Crolles pour y bivouaquer et tenter un départ le lendemain depuis le sommet de la dent. On se couche tandis qu’au loin sur Belledonne la lumière du soleil couchant éclaire un énorme cunimb en train de se dégonfler, belle ambiance.

Jeudi, jour 3 : Dent de Crolles – Lac d’Annecy 67km

Levé tranquille réveillé par un troupeau de mouton gardé par deux patous étonnement gentils et accueillants. On enchaine par une petite montée revigorante pour atteindre le sommet de la dent de Crolles (2062m), où l’on retrouve deux mamies rigolotes avec qui on tape la discut’. La météo annonce pour le lendemain du vent fort en bordure Ouest des Alpes mais qui se calme en entrant au cœur du massif. On se dit qu’en se rapprochant le plus possible de Chamonix on a peut-être une chance de passer en Suisse et d’éviter le vent fort. Du coup on pense à un cheminement par Belledonne plutôt que par les Bauges. La transition pour passer sur Belledonne se fait en générale en milieu d’aprem du coup on est en avance sur le timing si c’est par là qu’on veut passer. Plusieurs pilotes du coin décollent. Jocelin est chaud bouillant pour décoller, il a peur que tout passe à l’ombre. Moi je me dis qu’on n’est pas pressés pour transiter sur Belledonne et je continue de tchatcher avec les deux mamies. Au bout d’un moment je rejoins Jocelin qui a fini par prendre la décision de décoller et je commence à préparer le matos pendant qu’il se met en l’air. Il décolle dans le bon cycle et va jouer au-dessus du nuage pour une petite session « Spectre de Broken ». De mon côté, le temps que je me prépare, tout est passé à l’ombre et n’y a plus un pet d’air pour décoller… La morale de l’histoire : quand c’est bon pour décoller, il ne faut pas attendre que ça change… Au bout d’un quart d’heure d’attente, il n’y a toujours pas d’air pour décoller en face Sud, je remonte tout en haut de la dent, et je finis par décoller avec un bon dos voile « à l’ancienne » en me jetant dans la face Sud dès que j’ai un peu d’altitude.

Avec tout ça Jocelin est loin devant avec un petit groupe de pilote qui file plein Nord en direction du Granier. Si tous les locaux font ça, c’est que ça doit être le bon plan du jour. On abandonne l’idée de passer par Belledonne et on remonte le deuxième étage des faces Est de la Chartreuse. C’est la première fois pour moi et j’en prends plein les yeux : la succession de petit cirques sculptés dans le calcaire est magnifique.
On arrive au Granier après être passés sur les face Ouest, le plafond, 2300, n’est pas énorme pour tenter la transition sur les Bauges, mais tout le monde y va et c’est notre direction, alors on suit le troupeau ! Arrivés de l’autre côté, commence un beau combat de 45 minutes les pieds dans les arbres pour réussir à se refaire graduellement jusqu’au Pic de la Sauge. On s’en sort mais on y laisse pas mal d’énergie… Ça valait quand même le coup de se battre : en récompense une magnifique traversée des Bauges : pointe de la Gallopaz, mont Colombier, Trélod. Petite erreur stratégique à ce moment-là, il aurait mieux valu passer par le Roc des Bœufs. Car la transition au Sud du lac d’Annecy nous sera fatale. On arrive trop bas sous le col de la Forclaz, la brise est parallèle au relief, impossible de se refaire, on doit se résoudre à aller poser à Doussard. On fête quand même ce joli vol avec une baignade dans le lac d’Annecy et on rejoint un copain qui habite au Grand Bornand et qui peut nous héberger.


Vendredi, jour 4 : Grand Bornand – Col de la Colombière  7 km

Les prévisions pour le vendredi ne sont pas gégé : Météo-parapente annonce une dégradation pluvieuse et des plafonds qui s’écroulent à partir de 13h et pour toute l’après-midi, météo France annonce un risque d’orage et de la grisaille pour toute l’après-midi, météo-Chamonix.com idem, seule météo-Chamonix.org (notez bien la nuance, c’est important !) est plus précise et optimiste en parlant d’un ciel pluvieux mais qui se dégage complètement à partir de 16h. On monte donc au Mont Lachat sans trop savoir à quelle sauce on va se faire manger. A 11h quelques pilotes décollent pour un vol en local dans un ciel qui se voile rapidement. A midi le ciel est gris, et à midi et demi on se prend la pluie. On patiente alors à l’abris. Jocelin, comme à son habitude, a très envie de se mettre en l’air, au moins pour avancer un peu. Moi je me dis qu’on n’est pas pressés et que l’on peut attendre jusqu’à 16h que ce soit volable. A 14h30 Jocelin n’en peut plus d’attendre, et décide de décoller pile poil au moment où une deuxième averse (non orageuse) nous arrive dessus. Il fera la moitié de sa fléchette sous la pluie mais sans autre désagrément. A 15h l’averse redouble d’intensité et l’ensemble de massif est plongé dans la grisaille. Et à 16h pétante, ô miracle de météo-chamonix.org, le ciel se dégage entièrement et toutes les crêtes alentour apparaissent. Je me mets en l’air sous un grand ciel bleu, ça tient en dynamique sur le Lachat, je vais prospecter sur le roc des Arces, ne trouve rien et reviens sur le Lachat. Je me refais sur le Lachat et rebelotte je pars prospecter devant, en allant un peu plus loin ce coup-ci. Grave erreur ! Je ne trouve rien et je reviens trop bas pour me refaire sur le Lachat. Je suis obligé de me laisser glisser en direction du col de la Colombière. Le temps de plier l’aile, un joli cumulus chapeaute le Mont Lachat et un autre apparait à 3000m sur la dent percée… il aurait fallu attendre encore 30 minutes… La morale de l’histoire : météo-chamonix.org, c’est du précis et garder en tête qu’en juin les journées sont longues et qu’on peut encore faire de belles choses entre 17 à 19h, à condition d’être patient… Pendant tout ce temps Jocelin a trouvé un petit spot à waga pour faire sécher son aile et s’est régalé à jouer dans le vent au ras du sol. La météo pour le lendemain annonce du vent trop fort pour espérer faire quelque chose de manière sereine, on décide donc d’en rester là pour cette fois. Petit passage par Mieussy pour acheter du fromage et se faire héberger, retour en stop jusqu’à Grenoble le samedi avec une petite fiesta à la clé et retour en stop jusqu’à Marseille avec des personnages haut en couleur tout le long de la route.

Tristan


10 commentaires:

  1. Au top les gars ! Ça c'est de la belle aventure. Félicitations !

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  2. Sacrés vols bravo ! Ça me donne envie de relancer la X-Pic tout ça...:)

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  3. Vraiment vous m'avez régalé avec ce parcours, bravooo.
    Nico Tu

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  4. Joli récit qui donnera des envies de balade à certains ....
    Je vois que vous avez utilisé la potion magix façon Frigorifix pour voler loin �� et ma foi ça vous à réussi.... Un grand Bravo à tous les 2 !!!

    Willy l'Embrouille

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  5. Chouette aventure les jeunes !!!!

    J'ai une photo de nos deux aventuriers à publier, qui peut le faire ?

    Nicoc

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  6. Génial le récit! Merci pour le partage
    Laurent P

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  7. Superbe aventure ! et un grand merci de la partager !
    Florence

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  8. ca donne envie de reprendre... ah ces vols intenses en émotions... l'Aventure... un jour peut-être... et en groupe. merci pour le récit Tristan!!

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