Vol bivouac Sainte Victoire-Pointe Percée (avec un peu de stop quand nécessaire)
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Mardi Jour
1 : Sainte-Victoire – Lubéron 40km
Après les aventures en haute altitude de l’an dernier, on
s’est débrouillé avec Jocelin pour rester un peu libre au mois de juillet pour
partir en vol bivouac depuis la Sainte en attendant un bon créneau d’au moins
3-4 jours de beau temps annoncé sur les Alpes.
Finalement le créneau va arriver plus tôt que prévu. A
partir du lundi 22 juin la météo annonce un très bel anticyclone pour 4-5 jours
avec un léger flux de S/SO dans la région, couplé à une bonne instabilité, sans
doute la conséquence du vent de nord qui a soufflé les jours précédents à
toutes les altitudes.
On arrive à s’organiser pour pouvoir se libérer à partir de
mardi tandis que certains pilotes partent le lundi avec plus ou moins le même
projet. Jean-Luc posera à Castellane ce jour-là.
Le mardi il y a encore du beau monde au pic des Mouches, ça
fait plaisir de retrouver tous les copains.
L’objectif est d’aller le plus loin possible vers le Nord
avec un secret espoir d’atteindre la Suisse et avec une contrainte : être
de retour à Marseille le dimanche avant 20h pour aller voter. On se met
d’accord avec Jocelin pour essayer de voler ensemble le plus possible. Dès le
décollage je pars à droite, Jocelin à gauche, ce n’est pas gagné pour le vol de
groupe 😊
On met un petit peu de temps à s’extraire mais on arrive
finalement à monter à 2200m au-dessus de la Sainte. Le ciel est très clair et
de cette altitude on distingue Marseille, le stade Vélodrome, la Méditerranée
et les iles du Frioul…
La première journée sera un peu décevante pour nous même si
certains tirent très bien leur épingle du jeu puisque Pascal pose à Gap. Pour
nous ce sera de part et d’autre du Lubéron (bien Joué Seb pour le point bas à
Grambois ! 😉). On ne se laisse abattre et on fait du stop
jusqu’à la vallée de la Méouge pour un bivouac 5 étoiles au bord de la rivière.
Mercredi, jour 2 : Laragne – Grenoble 93km
Le lendemain, montée à Laragne en stop. Jocelin est très
impatient de se mettre l’air (ce sera une constante du voyage, nous y
reviendront…) et nous décollons vers 12h30 hors cycle. Je me bats au-dessus de
l’atterro de secours tandis que Jocelin jette l’éponge et va s’y poser pour
retenter sa chance le temps de trouver une voiture pour remonter. De mon côté j’arrive
finalement à m’extraire et commence le cheminement « classique »
plein nord avec un premier plafond à 2000.Je fais 2400 sur Orpierre et chemine
au nuage jusqu’au rocher de Beaumont puis Sigottier, j’arrive un peu bas sur le
sommet d’Aiguille/Pierre grosse qui marque la frontière avec la Drôme où je me
fais catapulter à 2800! A ce moment-là, le cheminement classique est de
viser Aspres, mais derrière, le Devoluy est déjà très chargé avec des congestus
et la météo annonce des orages tôt dans l’après-midi. J’ai alors le choix entre
continuer plein Nord vers le Jocou ou bifurquer vers le Diois et le Sud
Vercors. Je n’ai jamais survolé le Diois et ça me tente bien de découvrir ces coins-là,
alors je mets le cap sur Glandasse.
Je fais un point bas au-dessus de Lesches-en-Diois. Je ne
trouve rien au-dessus de la crête et suis obligé de me laisser glisser peu à
peu en vallée pour me rapprocher de la civilisation en cas de pose, car le coin
est vraiment très désert. C’est là qu’un énorme thermique un poil violent me
tire par les bretelles pour me propulser rapidement à 3000m où je rejoins 2
planeurs qui croisent dans le secteur. D’ici on distingue bien toute la vallée
de la Drôme avec le sommet caractéristique des 3 becs vers l’Ouest et le
Vercors (Glandasse, cirque d’Archiane…) qui commence lui aussi à être recouvert
de congestus bien joufflus. J’en profite pour passer un coup de fil à Jocelin
qui ne répond plus en radio. Il a redécollé de Laragne mais a posé du côté de
Serres. On se donne comme objectif de se retrouver à Grenoble. Je reprends
alors un cap plein Nord en direction du Mont Aiguille. Le survol partiel des
hauts plateaux et du Mont Aiguille est magnifique. Je me dis que si Jocelin
avait été là, on aurait presque pu envisager de poser et de bivouaquer sur le
Mont Aiguille pour en redécoller le lendemain, mais c’est oublier un peu vite
que la zone est interdite de survol à moins de 300m/sol…
Je refais un plein à 3000 au-dessus de Chichilianne et
décide de m’éloigner vers l’Est car les nuages sont de plus en plus menaçants
du côté du grand Veymont. Légèrement à l’Est, le plafond est bien plus bas et
j’arrive au-dessus des nuages. Comme dans un rêve, je surfe le dessus du nuage
pendant une minute puis plonge dans une petite trouée où j’aperçois de la
verdure et un petit village, complétement hypnotique ! Je m’appuie à présent
sur les avant-reliefs Est du Vercors (Serpaton) et avance tranquillement vers
Grenoble que je distingue maintenant nettement. Je me laisse glisser doucement
vers Vif en étant contré par la brise qui arrive de Grenoble est qui est de
plus en plus sensible au fur à mesure de la descente. J’arrive à grapiller
quelques kilomètres en m’abritant derrière un petit relief qui me protège de la
brise et me permets de dépasser Vif et de poser pas loin d’un rond-point avec
un gros sourire aux lèvres… Ravitaillement et retrouvailles avec Jocelin à
Grenoble puis direction le col du coq, au pied de la dent de Crolles pour y
bivouaquer et tenter un départ le lendemain depuis le sommet de la dent. On se
couche tandis qu’au loin sur Belledonne la lumière du soleil couchant éclaire
un énorme cunimb en train de se dégonfler, belle ambiance.
Jeudi, jour
3 : Dent de Crolles – Lac d’Annecy 67km
Levé tranquille réveillé par un troupeau de mouton gardé par
deux patous étonnement gentils et accueillants. On enchaine par une petite
montée revigorante pour atteindre le sommet de la dent de Crolles (2062m), où
l’on retrouve deux mamies rigolotes avec qui on tape la discut’. La météo
annonce pour le lendemain du vent fort en bordure Ouest des Alpes mais qui se
calme en entrant au cœur du massif. On se dit qu’en se rapprochant le plus
possible de Chamonix on a peut-être une chance de passer en Suisse et d’éviter
le vent fort. Du coup on pense à un cheminement par Belledonne plutôt que par
les Bauges. La transition pour passer sur Belledonne se fait en générale en
milieu d’aprem du coup on est en avance sur le timing si c’est par là qu’on
veut passer. Plusieurs pilotes du coin décollent. Jocelin est chaud bouillant
pour décoller, il a peur que tout passe à l’ombre. Moi je me dis qu’on n’est
pas pressés pour transiter sur Belledonne et je continue de tchatcher avec les
deux mamies. Au bout d’un moment je rejoins Jocelin qui a fini par prendre la
décision de décoller et je commence à préparer le matos pendant qu’il se met en
l’air. Il décolle dans le bon cycle et va jouer au-dessus du nuage pour une
petite session « Spectre de Broken ». De mon côté, le temps que je me
prépare, tout est passé à l’ombre et n’y a plus un pet d’air pour décoller… La
morale de l’histoire : quand c’est bon pour décoller, il ne faut pas
attendre que ça change… Au bout d’un quart d’heure d’attente, il n’y a toujours
pas d’air pour décoller en face Sud, je remonte tout en haut de la dent, et je
finis par décoller avec un bon dos voile « à l’ancienne » en me
jetant dans la face Sud dès que j’ai un peu d’altitude.
Avec tout ça Jocelin est loin devant avec un petit groupe de
pilote qui file plein Nord en direction du Granier. Si tous les locaux font ça,
c’est que ça doit être le bon plan du jour. On abandonne l’idée de passer par
Belledonne et on remonte le deuxième étage des faces Est de la Chartreuse.
C’est la première fois pour moi et j’en prends plein les yeux : la
succession de petit cirques sculptés dans le calcaire est magnifique.
On arrive au Granier après être passés sur les face Ouest,
le plafond, 2300, n’est pas énorme pour tenter la transition sur les Bauges,
mais tout le monde y va et c’est notre direction, alors on suit le
troupeau ! Arrivés de l’autre côté, commence un beau combat de 45 minutes
les pieds dans les arbres pour réussir à se refaire graduellement jusqu’au Pic
de la Sauge. On s’en sort mais on y laisse pas mal d’énergie… Ça valait quand
même le coup de se battre : en récompense une magnifique traversée des
Bauges : pointe de la Gallopaz, mont Colombier, Trélod. Petite erreur
stratégique à ce moment-là, il aurait mieux valu passer par le Roc des Bœufs.
Car la transition au Sud du lac d’Annecy nous sera fatale. On arrive trop bas
sous le col de la Forclaz, la brise est parallèle au relief, impossible de se
refaire, on doit se résoudre à aller poser à Doussard. On fête quand même ce
joli vol avec une baignade dans le lac d’Annecy et on rejoint un copain qui
habite au Grand Bornand et qui peut nous héberger.
Vendredi,
jour 4 : Grand Bornand – Col de la Colombière 7 km
Les prévisions pour le vendredi ne sont pas gégé :
Météo-parapente annonce une dégradation pluvieuse et des plafonds qui
s’écroulent à partir de 13h et pour toute l’après-midi, météo France annonce un
risque d’orage et de la grisaille pour toute l’après-midi, météo-Chamonix.com
idem, seule météo-Chamonix.org (notez bien la nuance, c’est
important !) est plus précise et optimiste en parlant d’un ciel pluvieux
mais qui se dégage complètement à partir de 16h. On monte donc au Mont Lachat
sans trop savoir à quelle sauce on va se faire manger. A 11h quelques pilotes
décollent pour un vol en local dans un ciel qui se voile rapidement. A midi le
ciel est gris, et à midi et demi on se prend la pluie. On patiente alors à l’abris.
Jocelin, comme à son habitude, a très envie de se mettre en l’air, au moins
pour avancer un peu. Moi je me dis qu’on n’est pas pressés et que l’on peut
attendre jusqu’à 16h que ce soit volable. A 14h30 Jocelin n’en peut plus
d’attendre, et décide de décoller pile poil au moment où une deuxième averse
(non orageuse) nous arrive dessus. Il fera la moitié de sa fléchette sous la
pluie mais sans autre désagrément. A 15h l’averse redouble d’intensité et
l’ensemble de massif est plongé dans la grisaille. Et à 16h pétante, ô miracle
de météo-chamonix.org, le ciel se dégage entièrement et toutes les crêtes
alentour apparaissent. Je me mets en l’air sous un grand ciel bleu, ça tient en
dynamique sur le Lachat, je vais prospecter sur le roc des Arces, ne trouve rien
et reviens sur le Lachat. Je me refais sur le Lachat et rebelotte je pars
prospecter devant, en allant un peu plus loin ce coup-ci. Grave erreur ! Je
ne trouve rien et je reviens trop bas pour me refaire sur le Lachat. Je suis
obligé de me laisser glisser en direction du col de la Colombière. Le temps de
plier l’aile, un joli cumulus chapeaute le Mont Lachat et un autre apparait à
3000m sur la dent percée… il aurait fallu attendre encore 30 minutes… La morale
de l’histoire : météo-chamonix.org, c’est du précis et garder en tête qu’en
juin les journées sont longues et qu’on peut encore faire de belles choses
entre 17 à 19h, à condition d’être patient… Pendant tout ce temps Jocelin a
trouvé un petit spot à waga pour faire sécher son aile et s’est régalé à jouer
dans le vent au ras du sol. La météo pour le lendemain annonce du vent trop
fort pour espérer faire quelque chose de manière sereine, on décide donc d’en
rester là pour cette fois. Petit passage par Mieussy pour acheter du fromage et
se faire héberger, retour en stop jusqu’à Grenoble le samedi avec une petite
fiesta à la clé et retour en stop jusqu’à Marseille avec des personnages haut
en couleur tout le long de la route.
Tristan
Tristan
Au top les gars ! Ça c'est de la belle aventure. Félicitations !
RépondreSupprimerSacrés vols bravo ! Ça me donne envie de relancer la X-Pic tout ça...:)
RépondreSupprimerVraiment vous m'avez régalé avec ce parcours, bravooo.
RépondreSupprimerNico Tu
Joli récit qui donnera des envies de balade à certains ....
RépondreSupprimerJe vois que vous avez utilisé la potion magix façon Frigorifix pour voler loin �� et ma foi ça vous à réussi.... Un grand Bravo à tous les 2 !!!
Willy l'Embrouille
Chouette aventure les jeunes !!!!
RépondreSupprimerJ'ai une photo de nos deux aventuriers à publier, qui peut le faire ?
Nicoc
Moi :-)
SupprimerTristan
Pas cap :)
SupprimerGénial le récit! Merci pour le partage
RépondreSupprimerLaurent P
Superbe aventure ! et un grand merci de la partager !
RépondreSupprimerFlorence
ca donne envie de reprendre... ah ces vols intenses en émotions... l'Aventure... un jour peut-être... et en groupe. merci pour le récit Tristan!!
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